La faune

Les cétacés sont des mammifères marins divisés en 2 sous-ordres : les odontocètes, qui possèdent des dents, et les mysticètes qui possèdent des fanons. Il existe aujourd’hui 85 espèces de cétacés, dont au moins 16 fréquentent les eaux polynésiennes. Un sanctuaire pour les mammifères marins a été créé en 2002 afin de les protéger et une loi de pays encadre leur approche. C’est un des rares endroits au monde où il est encore possible de pratiquer la nage avec les cétacés.

Mysticètes

Parmi les mysticètes, la plus fréquemment rencontrée est une espèce migratrice : la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) A titre anecdotique ont été aperçus le rorqual de Bryde (Balaenoptera edeni). Les mysticètes ont des fanons – de longues lames de kératine implantées sur la mâchoire supérieure – leur permettant de filtrer leur nourriture, constituée de petits organismes (plancton, krill, petits poissons) Ce sont des animaux assez solitaires contrairement aux cétacés à dents.

Baleine à bosse
(Megaptera novaeangliae)

Taille : 14 à 16 m
Poids : 30 à 40 tonnes
Espérance de vie : > 60 ans
Physionomie : Corps large et robuste. Tête aplatie et triangulaire avec des protubérances contenant des vibrisses. Nageoires pectorales caractéristiques pouvant atteindre 5 mètres de long.
Couleur : Dos gris foncé à noir. Zone ventrale blanche en règle générale, pouvant être noire à l'exception du dessous des pectorale.
Zone d'observation : Tous les océans
Alimentation : petits poissons, krill, planton
C'est une espèce migratrice emblématique de la Polynésie française, qui reconquiert depuis les années 1990 les eaux polynésiennes, qu'elle affectionnait probablement mais d''où elle a disparue suite à la chasse baleinière industrielle qui a quasiment exterminé l'espèce au cours du 19ème et 20ème siècle. Grâce à son statut de protection et au moratoire sur la chasse commerciale mis en place dès 1966, les données démontrent que la population de l’espèce est en augmentation constante et régulière depuis les dernières décennie. Elle est passée de la catégorie « vulnérable » à celle de « préoccupation mineure » à l'exception de deux populations : la baleine à bosse d’Océanie et celle du golfe Persique.
Seule espèce du genre Megaptera, elle est aussi appelée mégaptère (« grandes ailes » en grec) ou jubarte. Elle se caractérise par sa robe, mais surtout par ses nageoires pectorales hypertrophiées. L'adulte mesure entre 14 et 16 m mais peut atteindre jusqu'à 18m (les femelles étant légèrement plus grandes que les mâles) pour un poids compris entre 30 et 40 tonnes.

Elles passent l'été au niveaux des pôles pour se nourrir et ainsi reconstituer leur réserve de graisse. Puis, elles migrent dans les zones tropicales et subtropicales pour y passer l'hiver afin de se reproduire et d'y mettre bas. La population polynésienne passe donc l'hiver dans nos eaux, entre mai pour les premières arrivées, et décembre pour les retardataires, le pic de la saison se situant en règle générale entre mi-août et début novembre. Après une longue migration de 6000 km, les femelles gestantes vont mettre bas, d'autres se reproduiront au large. Elles sont observables dans tous les archipels, avec une prédominance pour les Australes et les îles de la Société, même si elles sont de plus en plus observées dans les Tuamotus et plus rarement aux Marquises.

Plutôt solitaire, il n'est cependant pas rare d'observer des regroupements excédant rarement une dizaine d'individus dans des phases de socialisation, de reproduction, lors de scènes de chasse ou pendant leur migration. A la naissance, le baleineau a une robe blanche à gris clair et mesure 3 à 4m pour un poids de 700 à 1000 kg. Il est allaité par sa mère durant 6 à 8 mois et la quittera au bout d'un an, lors de son retour dans les eaux polynésiennes. La phase d'allaitement est primordiale pour la survie du baleineau, il va boire de 100 à 150 l de lait / jour pour grossir de 50 à 80kg / jour.

Odontocètes

Les odontocètes vivent pour la grande majorité dans des groupes matriarcaux pouvant atteindre plusieurs centaines d’individus chez les delphinidés. Ce sont des chasseurs utilisant des techniques élaborées où chaque individu a son rôle à jouer. Ils sont capables de pratiquer l’écholocalisation afin d’avoir une image acoustique de leur environnement. Leur gamme de son est très variée, ils peuvent émettre des clics, des sons pulsés et des sifflements, dans une gamme de fréquence pouvant atteindre 40 kHz. Ils possèdent un évent unique leur permettant de respirer en surface.

En Polynésie, on trouve des cétacés à dents sédentaires – comme les dauphins à long bec, souvent observables dans la matinée près des côtes, – mais aussi des cétacés nomades, ou migrateurs. Le peuplement des cétacés n’est pas uniforme et varie selon les archipels.

Parmi les plus fréquemment rencontrés autour de Tahiti et Moorea, on peut citer le dauphin long bec (Stenella longirostris), le dauphin à bec étroit (Steno bredanensis), le globicéphale tropical (Globicephala macrorhynchus)

Le grand dauphin (Tursiops truncatus) est souvent observé dans les Tuamotus et les Marquises. Le dauphin d’Electre (Peponocephala electra) est répandu aux Marquises.

Beaucoup plus rarement, sont aussi observés l’orque (Orcinus orca), le cachalot (Physeter macrocephalus), , la baleine à bec de Cuvier (Zyphius cavirostris) et de Blainville (Mesoplodon densirostris), le cachalot nain (Kogia simus), le dauphin tacheté pantropical (Stenella attenuata), le dauphin de Risso (Grampus griseus), l’orque pygmée (Feresa attenuata), la fausse orque (Pseudorca crassidens), le dauphin de Fraser (Lagenodelphis hosei).

Dauphin long bec 
(Stenella longirostris)

Taille : 1,3 à 2,3 m Poids : 55 à 80 kg Espérance de vie : 20 – 25 ans
Physionomie : corps fuselé, élancé, rostre long et étroit, dorsale triangulaire, pectorales pointues.
Couleur : dos gris foncé bleuté, flancs gris clair et ventre blanc. Ligne sombre de l’œil jusqu’à la pectorale.
Zone d'observation : eaux tropicales et sub-tropicales.
Alimentation : petits poissons et calmars.

Forment des groupes sociaux pouvant atteindre plusieurs dizaines d'individus. Visibles le matin près des côtes, dans les lagons, et les baies. S'alimentent l'après-midi et la nuit, au large.. Cette espèce appelée spinner en anglais se caractérise par ses pointes de vitesse (jusqu'à 30km/h) et ses sauts spectaculaires. Difficiles à approcher à la nage, ils viennent volontiers jouer avec la vague d'étrave des bateaux.

Dauphin à bec étroit
(Steno bredanensis)

Taille : 2,2 à 2,8 m  Poids : 130 à 170 kg  Espérance de vie : > 35 ans 
Physionomie : corps massif, rostre court et melon non marqué, dorsale falciforme, pectorales pointues. 
Couleur : Dos gris foncé, cape dorsale plus sombre. Ventre, lèvres et bout du rostre blancs. Flancs gris moyen avec des tâches rondes roses ou jaune. 
Zone d'observation : eaux tropicales et tempérées, chaudes et profondes. Parfois près des côtes.  Espèce considérée nomade sauf à Hawaï et en Polynésie française. 
Alimentation : poissons et calmars.

Forment des groupes sociaux de plusieurs dizaines d'individus. Le plus souvent discrets, s'approchant parfois des côtes, ils peuvent effectuer des sauts puissants ou surfer à l’étrave des bateaux. Ils ont un comportement très amical et joueur envers les bateaux et les nageurs.

Globicéphale tropical
(G. macrorhynchus)

Taille : 4 à 7,2m 
Poids : < 4 tonnes 
Espérance de vie : > 60 ans
Physionomie : corps trapu, pas de rostre, melon globuleux, nageoire dorsale très large et courbée chez les mâles, nageoires pectorales recourbées. 
Couleur : noir avec quelques zones grises. 
Zone d'observation : largement répandu dans les eaux tropicales et tempérées des océans Indien, Pacifique et Atlantique.
Alimentation : principalement des calamars qu’il trouve en profondeur, généralement sur les pentes abruptes du plateau continental.

Sociables, joueurs et altruistes, les globicéphales sont souvent observés en groupe de 10 à 30 individus mais peuvent former des groupes de plusieurs centaines d’individus.

Il existe 7 espèces de tortues marines dans le monde (contre 300 tortues terrestres) et 5 d’entre elles peuvent être observées dans les eaux polynésiennes, dont 2 de façon fréquente : la tortue verte et la tortue imbriquée. Les tortues Luth, caouanne et ôlivatre sont rarement rencontrées près des côtes.

Toutes les tortues marines sont menacées d’extinction au niveau mondial. Pour limiter la disparition des tortues marines, des lois ont été votées au niveau international, national et local. En Polynésie française, toutes les espèces de tortues marines sont protégées et il est strictement interdit de leur porter atteinte.

Tortue verte
(Chelonia mydas)

Taille : 1,1 m 
Poids : 120 kg 
Alimentation : principalement des végétaux à l'âge adulte (algues et plantes marines) mais les jeunes sont carnivores (petits crustacés, mollusques, invertébrés)

Elle se distingue de la tortue imbriquée par la forme de son bec, très arrondi, sa carapace aux bords lisses et le nombre de paires d'écailles entre les 2 yeux : elle en possède 1 paire. Elle a comme la tortue imbriquée 4 paires d'écailles sur les côtés de la carapace. Les tortues vertes pondent régulièrement en Polynésie française, les sites majeurs se situant dans les atolls les plus à l’ouest ainsi qu'à Tetiaroa) Depuis 2004, quelques nids sont observés à Moorea.

Crédit photo : Gilles Siu

Tortue imbriquée
(Eretmochelys imbricata)

Taille : 0,85 m
Poids : 60-80 kg
Alimentation : éponges

Son nom vient du fait de la superposition des écailles de sa carapace. Son bec lui permet de découper les éponges dans les massifs coraliens. La toxicité de sa chair serait due à ce régime alimentaire. Elle se distingue de la tortue verte par la forme de son bec, sa carapace aux bords irréguliers et le nombre de paires d'écailles entre les 2 yeux : elle en possède 2 paires. Elle a comme la tortue verte 4 paires d'écailles sur les côtés de la carapace. En Polynésie française, les tortues imbriquées ne pondent que très rarement. Un seul cas a été identifié à la fin de l’année 2011 dans les Tuamotu. Leurs déplacements et leurs zones d’alimentation seraient restreintes.

Crédit photo : Emmanuelle Camallonga

Il existe 28 espèces d’oiseaux marins nicheurs en Polynésie française. Certains nichent à terre, d’autres restent en mer pour se reposer et se nourrir. Certains sont endémiques, d’autres protégés comme les pétrels (Source et copyright : association Manu)

Nodi brun - ʹOio
(Anous stolidus)

Fait parti de la famille des sternes avec une queue longue et légèrement fourchue. Il existe aussi un Noddi noir (Anous minutus), plus petit, plus sombre avec un bec plus long et une tâche blanche plus étendue vers la nuque.

Peut se nourrir parfois jusqu'à 50 km des côtes. Il retourne le soir à terre, où il affectionne les cocoteraies. Oiseaux bruyant qui semble se quereller en permanence, de jour comme de nuit.

Distribution : toutes les zones côtières tropicales et subtropicales.

Alimentation : poissons (poissons volants) et céphalopodes.

Phaeton à bec jaune - Hopetea
(Phaethon lepturus)


40 cm. Sa queue de 30 cm est presque aussi longue que sont corps. Les yeux sont marqués par un contour noir dénottant avec le plumage blanc, seulement marqué par un V noir sur la face dorsale. Deux longues plumes blanches ou jaunes, centrales, ornent la queue. Le bec est jaune et les pattes sont bleues puis noires à leur extrémité. Il a la particularité de nicher toute l'année près des côtes et parfois à l'intérieur des terres et jusqu' 600 m d'altitude.

Distribution : zones cotières tropicales et sub tropicales. On le trouve dans les 5 archipels de Polynésie française.

Alimentation : poissons et céphalopodes.

Frégate - Otaha
(Fregata ariel / minor)

Peuvent être observées 2 espèces : la frégate du Pacifique et la frégate Ariel. Très grand oiseau (93 cm) pouvant dépasser 2m d'envergure pour la première. Les mâles ont une poche rouge sous la gorge qu'ils peuvent gonfler. Les femelles ont une gorge blanche.

Distribution : zones côtières tropicales. Présent partout en Polynésie française mais il affectionne surtout les iles ou les ilots corraliens inhabités. Ils attaquent les autres oiseaux de mer pour les forcer à lâcher leur proie ou à régurgiter.

Alimentation : poissons-volants, charognes, jeunes oiseaux dans les nids non surveillés, jeunes tortues après leur éclosion

Puffin de Baillon - Tira’o
(Puffinus bailloni)

31 cm. Mâle et femelle d’apparence identique. Le dessus du corps est brun-noir, la face ventrale est blanche à l’exception des ailes. Une petite frange noire présente sur le bord antérieur des ailes. Le bec, noir, est caractéristique des puffins. Il est crochu à son extrémité. Même si le bec évoque celui des Pétrels, il est cependant beaucoup plus allongé et effilé que chez ces derniers. Les pattes sont noir et rose. En vol, il alterne de longues phases de vol plané à des battements d’aile de courte durée en rasant la surface de l’eau. Sa queue est assez longue et noire. 

Distribution : Tuamotu, Gambier, Marquises, Société, Australes. Régions tropicales et subtropicales des océans

Sterne hupée - Tarapapa 
(Halasseus bergii)

44-48 cm. Observé près des côtes, rarement à plus de 2km. Une calotte noire érectile se prolonge jusqu'à la nuque. 

Distribution : Ocean Indien et Pacifique Ouest. Archipel de la Société et des Tuamotus.
Alimentation :poissons et particulièrement poissons volants.

Gygis - Tata'e
(Gygis alba)

Longueur : 28-33cm. Plumage blanc, bec droit et pointu.

Présent dans tous les archipels de Polynésie française. Niche dans les gros arbres. Ne fait pas de nids, utilise des dépressions sur les branches pour pondre son œuf. Menacée par les rats et les busards (éperviers).

Fous brun - Kena 
(Sula leucogaster)

75-80 cm. Bec puissant, corps élancé, ailes longues et étroites. Avant et dessus du corps bruns et contrastant avec le blanc du ventre et du dessous des ailes et de la queue. Pattes et bec jaunes. Base du bec et menton bleus chez le mâle, vert-jaune chez la femelle. 

Distribution : Toutes les mers tropicales. 

Alimentation : poissons (poissons volants)

Fou à pieds rouges - Ua’au
(Sula sula)

70-80 cm. Mâle et femelle sont d’apparence identique. Bec puissant, corps élancé, ailes longues et étroites. Tous les adultes ont les pieds rouges et un masque rouge-corail et bleu à la base du bec. 

Distribution : Toutes les mers tropicales.

Alimentation : poissons (poissons volants)

Pétrel de Tahiti -Noha
(Pseudobulweria rostrata)

38-44 cm. Mâle et femelle d’apparence identique. Tête, gorge, dos et ailes noires. Ventre blanc. Son bec, fort et noir, est caractéristique de celui des pétrels : il est crochu à son extrémité et surmonté de deux tubes cornés au bout desquels s’ouvrent les narines. Pattes sont noir et rose. On le voit très fréquemment voler en rasant les flots dans la journée aux alentours de Tahiti et des îles Sous-le-Vent. Il alterne de larges battements d’aile à des longs vols planés. 

Distribution : Société, Gambier, Marquises, Australes, Fidji, Nouvelle-Calédonie, Samoa américaines

Crédit photo : Alain Petit, Alexandre Champarnaud, Fred Jacq, Thomas Ghestemme, Denise Koenig, Jean-Paul Mutz, Julie Champeau.